Forme extraordinaire de la Sainte Messe - Messe des catéchumènes

I – Les prières préparatoires

Debout au bas de l’autel, le célébrant se reconnaît indigne d’y monter car il connaît la grandeur des mystères sacrés et les dispositions qu’ils exigent. Aussi il est partagé entre la crainte, le désir et la confiance : sentiments exprimés dans le psaume Judica me, qu’il récite en alternance avec les servants ou les ministres. Le titre du psaume 42 (Judica me) est : « Prière pour obtenir justice et être reçu auprès de Dieu. » On ne récite pas le psaume Judica me aux messes des morts, ni au temps de la Passion, à  cause du verset « Pourquoi es-tu triste, ô mon âme, pourquoi es-tu dans le trouble ? », puisqu’il faut être dans la tristesse en ces circonstances de deuil. Le prêtre, plein d’une humble confiance, s’incline et confesse ses péchés pour en obtenir le pardon, en récitant le Confiteor. Cette prière comprend deux parties qui correspondent aux deux fins du sacrement de pénitence : demander pardon pour ses péchés et demander les grâces nécessaires pour mieux résister aux tentations. Les fidèles, ou les servants en leur nom, récitent aussi le Confiteor ; ainsi contrits de leurs fautes, ils pourront mieux participer aux effets propitiatoires du sacrifice. Les deux prières qui suivent le Confiteor sont de simples demandes, elles ne sont pas une absolution sacramentelle. Le prêtre monte à l’autel en récitant à voix basse une prière où il demande encore la purification de ses péchés. Il baise l’autel en invoquant les saints dont les reliques sont dans l’autel (ou dans la pierre d’autel pour les autels non-consacrés).

 

II – Le chant d’entrée (Introït)

Aux messes chantées, le chant d’entrée est exécuté par la schola pendant que le prêtre et les servants récitent les prières au bas de l’autel. Avant de lire le chant d’entrée, le célébrant encense l’autel. L’introït se compose d’une antienne, d’un verset de psaume, du Gloria Patri et de la répétition de l’antienne. Avant le XIe ou XIIe siècle quand les prières au bas de l’autel furent introduites, l’introït était chanté pendant que le prêtre allait de la sacristie à l’autel.

III – Le Kyrie

Après l’introït, le prêtre dialogue le Kyrie avec les fidèles ou les servants. Le Kyrie est la seule pièce de la messe conservée en grec. Ainsi dans la messe se retrouvent les trois langues qui sur la croix annoncèrent la royauté du Christ : le latin, le grec pour le Kyrie, et l’hébreu dans les mots amen, alleluia, sabaoth et hosanna. Le Kyrie exprime le besoin que nous avons d’être rachetés. Chaque groupe ternaire du Kyrie est adressé à l’une des trois personnes de la Trinité. Il est dit Christe et non Kyrie, pour la seconde personne afin de bien souligner le lien entre le Fils et l’Incarnation.

IV – Le Gloria

Ce chant symbolise tout l’idéal poursuivi par l’Eglise : la gloire de Dieu et la paix par le Christ et son Evangile. Il est omis aux messes votives, excepté celle de la sainte Vierge le samedi et celle des anges. Il n’est pas récité non plus au temps de pénitence et de tristesse, « parce qu’on n’ose chanter la gloire du Ciel lorsqu’on pleure sa propre misère ou celle des âmes du purgatoire » (St Thomas d’Aquin).

Le Gloria comprend deux parties : Une action de grâce, adressée au Père par Jésus Christ dans les oeuvres de la création et de la Rédemption ; Une supplication adressée au Fils, qui réalise, nous applique et parfait l’œuvre de la Rédemption. La clause concernant le Saint-Esprit a été insérée plus tardivement.

Le Gloria exprime les quatre fins de la messe :

• Adorer : « Nous vous louons, nous vous bénissons, nous vous adorons, nous vous glorifions. »

 • Remercier : « Nous vous rendons grâces à cause de votre immense gloire. »

 

• Obtenir le pardon : « Vous qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous. »

• Obtenir des grâces : « Vous qui effacez les péchés du monde, recevez notre prière. »

V – La collecte ou oraison

Le mot oraison vient du latin orare « prier », et collecte, du latin colligere, « recueillir ». Ce dernier nom est donné parce que la prière est faite pour le peuple rassemblé et en sa présence, et parce que le prêtre y réunit les voeux et sentiments des fidèles, enfin parce qu’elle résume l’esprit et le fruit du mystère ou de la fête. Le texte des collectes des dimanches est souvent très ancien, et remonte aux traditions vénérables des prières récitées dans les catacombes par les premiers chrétiens. S’appuyant sur la théologie, ces oraisons très courtes nous font demander ce qu’il faut et comme il faut. Les oraisons de la messe ont une conclusion dans laquelle sont nommées les trois personnes de la sainte Trinité. Elles sont ordinairement adressées au Père par la médiation du Fils.

VI- Les lectures

Ici s’ouvre véritablement la messe des catéchumènes avec ses enseignements, ses chants et la récitation du Credo à la messe du dimanche et de certaines fêtes.

L’épître. Depuis le IXe siècle, la lecture de l’épître est réservée au sous-diacre (ou au célébrant), auparavant les clercs ayant reçu l’ordre mineur de lecteur, pouvaient lire l’épître. L’épître est choisie en harmonie avec le sujet de la fête dans le Nouveau ou l’Ancien Testament, ou en fonction d’une lecture à peu près continue de l’Ecriture Sainte. Ainsi les épîtres de St Jacques et de St Pierre sont lues du 1er dimanche après Pâques jusqu’au 5e dimanche après la Pentecôte. Du 6e au 24e dimanche, la lecture des épîtres de St Paul se fait selon l’ordre de la Vulgate. Notons la prédilection de l’Eglise pour la doctrine de St Paul, on compte 106 épîtres différentes de l’apôtre des nations, dont certaines reviennent plusieurs fois, mais seulement 12 lectures différentes de St Pierre, et 135 lectures différentes tirées de l’Ancien Testament.

Le graduel, ainsi appelé parce qu’il se chantait sur les degrés, gradus, de l’ambon ; et aussi parce qu’il est revêtu d’une mélodie soignée, gradalis. Le graduel est quelquefois seul, mais le plus souvent il est suivi du trait ou de l’alleluia. Il tient le milieu entre le trait, symbole de tristesse, et le joyeux alleluia ; il représente le èlerinage pénible des enfants de Dieu en marche vers la patrie. Il se compose d’une première partie appelée répons, et d’un verset.

Le trait. Son nom indique la manière de chanter cette partie de la liturgie, tout d’un trait, sans intervention du choeur. Les auteurs du Moyen Âge voyaient dans le trait les accents tristes des Juifs captifs à Babylone. Cette captivité est représentée par l’Eglise, lorsque, à partir de la Septuagésime, elle suspend le cours des cantiques d’allégresse et dit le trait. Cette interprétation semble avoir prévalu, mais si le trait ne se dit qu’au temps de Carême, il n’a rien de lugubre, et la plupart des pièces sont débordantes de joie. Les formules musicales du trait restent peu développées et sont d’origine hébraïque.

 

L’alleluia, ce mot hébreu signifie, louez le Seigneur. La pièce comprend d’abord le mot alleluia chanté deux fois avec une vocalise, puis un verset, et la répétition de l’alleluia avec sa vocalise. Le verset compris entre les deux derniers alleluia n’est souvent que la continuation des pensées contenues dans le graduel. Comme le trait, il est en rapport avec l’Evangile dont il précède immédiatement la lecture. Aux féries de l’Avent, et de la Septuagésime à Pâques l’alleluia est supprimé. Au temps pascal, le graduel est remplacé par un second alleluia.

La séquence, d’après le latin sequentia, suite. On l’appelle aussi prose, prosa, car c’est un texte vocalisé. Vers le IXe siècle, des maîtres de chant se mirent à composer des textes qu’ils appliquèrent à la mélodie sur laquelle était vocalisé le dernier a de l’alleluia. Au Moyen Âge, on a recensé près de cinq mille séquences, mais de valeur inégale. Saint Pie V n’en admit plus que quatre dans le missel romain, à cause de leur exceptionnelle beauté : à Pâques, à la Pentecôte, à la fête du Saint-Sacrement, à la messe des morts. On y ajouta plus tard la séquence Stabat Mater pour la fête de Notre Dame des Sept Douleurs. Quelques autres séquences propres à certains ordres ou diocèses subsistent encore.

L’Evangile, avant de lire l’Evangile le célébrant (ou le diacre) demande la grâce d’être rendu digne de l’annoncer. Cette prière se réfère à une vision d’Isaïe. Un séraphin tenant un charbon ardent pris sur l’autel, lui en toucha la bouche et dit : « Vois, ceci a touché tes lèvres ; ton iniquité est enlevée et ton péché expié. » Avant de lire, le célébrant fait un signe de croix d’abord sur le livre au commencement du texte, ensuite sur le front, les lèvres et le coeur. Les assistants font sur eux-mêmes les trois derniers signes de croix. Le premier signe sur le front signifie leur intention de ne jamais rougir de la parole sainte ; le second sur les lèvres, qu’ils sont prêts à la confesser partout ; et le troisième sur le coeur, qu’ils veulent y attacher leur volonté et y conformer leur conduite. Dès les temps les plus anciens, et certainement dès le Haut Moyen Âge, la lecture de l’Evangile est réservée exclusivement au diacre, et au prêtre. Lors de l’ordination au diaconat, a lieu la tradition du livre des Evangiles : l’évêque prend le livre, l’ordinand le touche de la main droite pendant que l’évêque dit : « Recevez le pouvoir de lire l’Evangile dans l’Eglise de Dieu, pour les vivants et pour les morts, au nom du Seigneur. Ainsi-soit-il. »

La prédication

Notre-Seigneur a confié à son Eglise le dépôt de la foi, pour que, avec l’assistance continuelle de l’Esprit-Saint, elle garde saintement et expose fidèlement la doctrine révélée. Cette mission de prêcher la foi catholique a été confiée au souverain pontife pour toute l’Eglise, et aux évêques pour leurs diocèses. Les évêques sont obligés de prêcher personnellement l’Evangile, et doivent se faire aider par les prêtres et les diacres. La prédication fait partie du culte ; elle a essentiellement pour but de commenter les textes de la messe, non seulement pour  les expliquer mais pour les adapter à la vie concrète des auditeurs. Les fidèles doivent être nourris substantiellement. Il est à noter que la prédication appartient aux trois ordres qui seuls peuvent donner la sainte communion, nourriture des âmes, à savoir aux évêques, aux prêtres et aux diacres. La prédication terminait la première partie du sacrifice ou messe des catéchumènes. On renvoyait alors ceux qui ne devaient pas assister à la seconde partie ou messe proprement dite : les infidèles, les pénitents publics, et les catéchumènes.

 

VII- Le Credo

Après la prédication ou après l’Evangile s’il n’y a pas de sermon, on intercale à certains jours le chant (ou la récitation du Credo). Certains le considèrent comme la fin de la messe des catéchumènes, d’autres comme le prélude à la messe des fidèles. Le Credo récité à la messe fut élaboré au concile de Nicée (325) et développé par saint Epiphane en 374. Sept ans plus tard, le texte de saint epiphane fut confirmé par l’autorité du concile de Constantinople, d’où son nom de symbole de Nicée-Constantinople. Son insertion dans la liturgie se fit progressivement à partir du VIe siècle. Il ne fut incorporé dans la liturgie romaine qu’au début du XIe siècle. Le Credo est lu ou récité aux messes du dimanche, aux messes des apôtres et des évangélistes, et à certaines fêtes solennelles. 

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